Les Fées des ombres sont des félons de l’empire féerique et, par conséquent, les némésis des Fées.

La Fée des ombres originelle, connue sous le nom de la Traîtresse, était autrefois une des premières disciples de la Grande Fée. La Traîtresse voyait en elle la sauveuse de leur peuple et de leurs espoirs, elle croyait que celle-ci était l’incarnation physique d’Anobba, la déesse de la nature. Elle suivit longtemps ses enseignements et le dogme de l'impureté des émotions et des sentiments imposé dans le royaume.

Mais les premières graines du doute furent semées dans l’esprit de la Traîtresse lorsqu’elle fut témoin de l’inactivité de la Grande Fée face aux horreurs que des fées isolées subissaient encore en dehors de son royaume. Pour la Traîtresse, il était temps d’agir, les fées en avaient le pouvoir, elles auraient pu reprendre leurs domaines tombés aux mains des autres races, pour ainsi sauver leurs semblables.

Cependant, la Grande Fée resta sourde et la congédia de ses disciples, prétextant que la Traîtresse laissait ses émotions prendre le pas sur la raison, ce qui pouvait mettre en péril le frêle équilibre de l’actuelle trêve.

Face à ce refus, la Traîtresse, influencée par certaines forces, forma une secte de fées hérétiques afin de tenter un régicide sur la Grande Fée. Ce groupe de Fées renégates aurait pu mener à bien son coup d’État, s’il n’avait pas été stoppé par la garde royale, aux portes de la chambre de la Grande Fée.

La Traîtresse eut les ailes arrachées et la vie ôtée dans un ultime affrontement contre la protectrice de la reine, se sacrifiant pour permettre à ses compagnons de disparaître. 

Bien que ce coup d'État ait échoué, il fit grand bruit chez les fées. Certaines fées, ayant entendu et loué les revendications de la Traîtresse, rejoignirent ses alliés. Chacune des futures adeptes dut se sectionner les ailes en signe de respect pour le sacrifice de leur mentor.

La secte des Fées des ombres, réunifiée et puissante, décida de quitter le royaume et d’aller reconquérir un des premiers fiefs fée tombé jadis aux mains d’une race étrangère. Grâce à leurs rites occultes et leur sorcellerie maléfique, les Fées des ombres exécutèrent en silence jusqu'au dernier des êtres présents sur les lieux, et transformèrent le royaume conquis en un effroyable bastion bordé d’une sinistre forêt maudite emplie de magie noire.

Depuis lors, les Fées des ombres ont œuvré dans un intérêt de vengeance et de conquête. Usant de malédiction, de manipulation et d’assassinat pour parvenir à leur fin. 

Elles sont tapies dans l’ombre, à la limite du visible, et ne se révèlent que lorsqu'elles décident de vous infliger de terrifiants cauchemars, voire de vous tuer. Et ne tentez jamais de vous débattre, elles sont dans votre tête et ont déjà pris possession de votre esprit. 


Elles ont certainement déjà pris le contrôle des grandes institutions et manipulent aujourd’hui certains leaders importants, tirant les ficelles de l’avenir de Wolv et de sa fragile trêve.

La Traîtresse / La Rédemptrice

 

Hoa

 

Hoa fut la première Fée des ombres, tristement notoire et unanimement anathémisée sous le nom de “Traîtresse” mais, paradoxalement, elle est encore de nos jours viscéralement vénérée par ses adeptes, l’ayant qualifiée de “Rédemptrice”.

Je vous partage ici son récit, il vous appartiendra ensuite de décider de l’haïr ou de l’honorer…

 

 

 

I

Représentation d'Hoa ; la grande fée et la garde de la reine

 

 

Hoa était assurément la disciple la plus probe et assidue du cercle restreint de la reine des fées, appelée “Grande Fée”. Hoa a épaulée la Grande Fée dans sa quête d’union des royaumes fées en perdition et éparpillés en Wolv, et guida les futurs disciples dans leur révération de la Grande Fée, leur sauveuse. Au vu de la puissance et de la grâce de leur Reine, nombreux étaient les fidèles, dont notre protagoniste, à voir en elle l’incarnation physique d’Anobba, la déesse de la nature.

 

Un certain nombre de fées voyaient déjà Hoa comme une bonne prétendante pour succéder à la reine. Malheureusement, Hoa était souvent éloignée du royaume puisqu’elle avait comme mission d’aller à la rencontre des divers fiefs de Fées afin de les rallier au royaume, au nom de sa reine.

 

Une fois les fiefs unifiés sous l'Égide de la reine, cette dernière refonda les lois et les préceptes des Fées. Elle instaura notamment le dogme de l'impureté des émotions et des sentiments, avançant que l’équilibre spirituel ne serait atteint qu’une fois que les agitations internes de l’âme se seraient tues. Sous le règne de la Fée Mère, les Fées vivaient une vie paisible, une vie spirituelle dans le recueillement, à l’écart des troubles et des conflits dévastant les terres de Wolv.

 

 

 


II

Une des zones où Hoa devait observer les fées

 

C’est au cours d’une de ses missions que Hoa sera témoin d'une scène où elle vit des jeunes fées capturées, martyrisées et abusées, par diverses races au sein même d’une grande capitale de Wolv.

C’est à ce moment qu’elle prit conscience du caractère funeste de l’évolution de son peuple, devenant progressivement anachorète. Plus personne au sein du Royaume Fée unifié ne se souciait de la souffrance que pouvaient subir les races minoritaires, dont les Fées esseulées par la reine.

 

Hoa décida alors, dès son retour de mission, de confronter la reine à propos de ce qu’elle avait vu. C’est donc durant une audience exceptionnelle, et en tant que disciple de la première heure, qu’elle pu exposer sa vision des faits à la Grande Fée.

Elle expliquait ne pas comprendre l’inactivité de cette dernière face aux horribles exactions que commettent les races étrangères à l’encontre des races faibles mais surtout des Fées esseulées.

La Fée Mère resta muette, impassible, face aux requêtes de notre fée consternée.

Hoa n’arrivait pas à comprendre ce désœuvrement de la Grande Fée, et s’emporta dans une rage dont elle n’aurait jamais songé l’existence.

En effet, elle savait que la réunification des divers royaumes Fées permettait d’avoir une concentration de magie et de mana incommensurable, mais néanmoins inutilisée. Ce pouvoir aurait pu permettre depuis longtemps aux fées de reprendre leur indépendance, de reconquérir leurs anciens territoires, de sauver les fées isolées, mais il n’en est rien, la reine préférait rester cloîtrée et exilée du monde.

Notre fée s’indigna et accusa, durant l’audience, la reine de faire preuve d’une cruelle apathie.

 

Cet écart de la part de Hoa ne fut pas sans conséquence. Elle fut immédiatement ostracisé du cercle restreint de la reine et banni de ses disciples pour ses idées jugées extrémistes et dangereuses pour la paix publique, mais surtout parce qu’elle avait laissé ses émotions prendre le contrôle de son esprit, ce qui est passible d’excommunication du Royaume.



IIIUn des Tribunaux féerique de la Reine

 

Considérée dorénavant comme une Fée déchue, notre fée se retrouvait seule. Elle qui avait voué sa vie à sa reine, bien avant qu’elle ait même ce titre, se sentait désabusée et trahie par celle qu’elle considérait jusqu'alors comme une déité et une sauveuse. Elle qui rêvait d’un meilleur espoir pour sa race et souffrait de les voir perdre des territoires siècles après siècles se rendit compte que ce n’était plus l’heure aux lamentations, son peuple était en pleine catagenèse et il fallait agir.

 

C’est avec l’esprit empli de questions qu' Hoa fit la rencontre d’un être doté d’une aura particulièrement sinistre, cet étrange spécimen prétendait venir avec des réponses à ses interrogations.

Il lui assura tout d’abord que la Grande Fée n’était certainement pas l'incarnation de la Déesse, comme on lui avait fait croire toute sa vie au sein des disciples. 

Il lui avoua également que les fées qu’elle avait vu en train de se faire torturer dans la capitale étaient d’anciennes fées du royaume unifié qui ont été excommuniées après avoir enfreint le dogme de l'impureté des émotions et des sentiments, comme Hoa.

Il finit en disant que notre fée n’était donc pas la première à être excommuniée, qu’elle ne sera certainement pas la dernière, mais surtout que seule elle pourrait arrêter la vésanie de la reine. Cette entité lui partagea un glyphe capable de la rendre assez puissante pour tenir tête à la grande fée.

 

Effarée par ses révélations, le peu de respect et d’admiration qui lui restait pour la Fée Mère se transformèrent en désespoir et en haine. Elle savait maintenant quoi faire, elle devait libérer les autres fées déchues et suppliciées, et les inviter à la rejoindre dans son ambition de coup d'État pour faire tomber la Grande Fée.

 

 

 

IV

Hoa

 

Au bout de plusieurs longs mois, elle était arrivée à libérer une centaine de Fées. La plupart des anciennes fées captives avaient déjà subi tellement de sévices qu’elles préféraient s’éloigner d'affrontements supplémentaires, ainsi, uniquement un tiers d’entre-elles acceptèrent de rejoindre sa vendetta.

Ce groupe de Fées déchues se réunirent alors autour de notre fée dans une sorte de secte, préparant minutieusement leur coup d'État. Tous avaient l’espoir que la reine pourrait abdiquer sans qu’ils n’aient besoin de commettre un régicide, mais ils savaient que cela ne se passerait pas ainsi.

 

Il leur fallait reprendre le pouvoir pour redonner une vraie liberté au peuple des Fées qui vit dorénavant reclus et à l’écart du reste du monde ; il était l’heure de reprendre le dessus sur les autres races qui les ont impunément massacrés depuis plusieurs siècles, et de leur faire ressentir les souffrances que les fées ont subis sans broncher. Il était temps de laisser leur indignation et leur courroux s’exprimer.

 

Hoa connaissait par cœur le palais de la reine, et savait comment atteindre furtivement la reine. Elle ne voulait pas tuer ses semblables, et voulait surtout éviter l’effusion de sang. Ils avaient un objectif, infiltrer la chambre de la Grande Fée et l’obliger à renoncer au trône. Leur plan était prêt, ils allaient lancer l’offensive lors de la nouvelle lune, au moment où la pénombre sera la plus profonde.

 

 

 

V

Palais de la reine

 

 

Le groupe d’une dizaine de Fées déchues entraînées, mené par notre fée, s’élança au moment venu. Ils réussirent à entrer dans le palais grâce à leurs talents de camouflage, et n'hésitèrent pas à épurer le palais en laissant derrière elles un sillage de cadavres des gardes gênants. 

 

Se rapprochant de la chambre de la reine, ils furent stoppés par la garde royale, 6 gardes chargés de protéger la reine. Leur mission prit alors une autre tournure, notre équipe de fées intrépides fut rapidement mise en difficulté quand les gardes attaquèrent.

C’est alors que Hoa s'élança vers les appartements de la reine, car d’après elle le seul moyen de faire pression pour arrêter les combats serait en menaçant d'exécuter la reine.

Ses alliées firent en sorte de retenir les gardes pour qu’elle ait le champ libre.

 

Cependant, devant la porte de la chambre l'attendait sa sœur, devenue la protectrice de la reine, aux exploits légendaires. Notre fée aurait tant aimé ne pas avoir à combattre sa jeune sœur, et ce dénouement la plongeait dans l’affliction la plus totale.

Hoa tenta de la convaincre que la reine qu’elle protégeait n’était ni la déesse tant attendue, ni même une souveraine sensée. Elle lui implora de la croire, de lui faire confiance, en souvenir des souvenirs passés, et des prochains bons moments.

 

Mais la protectrice resta sourde à ses revendications et entama l’affrontement final.

 

 

 

VI

Hoa

 

Notre fée déchue n’avait aucune chance de l’emporter, et la protectrice la domina bien vite durant le duel.
La garde finira même par taillader les ailes d'
Hoa avant de les lui arracher. Cette mutilation lui infligea une douleur inconcevable, la faisant se recroqueviller, englobée du sang jaillissant de son dos…


Après une brève absence, elle reprit ses esprits et vit alors la protectrice se diriger vers ses alliés pour les achever à leur tour.

Elle se remémorait tous les événements importants de sa vie, toutes les fois où elle a été aveugle et tous les choix qui l'ont mené à cet instant. Puis elle rouvrit les yeux et aperçu ses compagnons en grave danger, sa dernière vraie famille, les dernières personnes qu’elle devait protéger. Elle cria de rage, sachant que dans son état elle était impuissante. 


C’est alors que, dans cette ultime détresse,
Hoa senti quelque chose changer en elle, son cœur cessa de battre et son être s'emplit d’un froid obscur. Les glyphes qu’elle avait autrefois gravés dans sa chaire, sous les conseils de l’être qui l’avait guidé vers ce destin, s’étaient mise à s’embraser. Tout l’amour, la peur et la tristesse qu’elle éprouvait alors en voyant sa sœur se muent en rancœur et en haine. Son cœur devint néant. Elle entra en transe et, en puisant dans ses ressentiments, infligea une malédiction encore inconnue à l’ensemble des gardes, une terrible démence les firent se tordre de douleur. C’était la première fois qu’un sort de ce type était incanté, la première fois que la sorcellerie des ombres fut employée.

Le temps de flottement dû au maléfice permit à ses compagnons de disparaître dans l’ombre, et c’est tout ce qu’elle souhaitait à présent.

 

La protectrice de la reine revint vers Hoa en titubant, toujours sous le joug de la malédiction, la traîtresse la vit soulever tant bien que mal son épée au-dessus de son corps paralysé puis, après un instant d’hésitation qui lui parut une éternité, sentit cette lame ensanglantée s’abattre sur son corps et lui transpercer les entrailles. Elle venait d’être exécutée par son propre sang, sa petite sœur. 

 

Une larme perla sur la joue de la première Fée des ombres lorsqu’elle s'aperçut que la Grande Fée, sur le pas de la porte, avait assisté à tout l’affrontement. Ce meurtre fratricide affaiblissa promptement les effets du sortilège.

 

La Traîtresse avait été vaincue, la reine et ses exactions allaient continuer, et notre fée des ombres savait qu’elle était en partie responsable de l'ascension de la Grande Fée, mais s’est rendu compte bien trop tard de la tournure funeste que prenaient ses semblables. Voilà ce que furent ses dernières pensées avant de dépérir.

 

L’enveloppe physique de la Traîtresse, devenue inerte, se désagrégea progressivement avant de se dissiper en un instant dans les effluves magiques d’un courant d’air glacial.

 

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