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Ces êtres naquirent des lieux emplis de magie disséminés dans ce monde. Ces endroits propices à leur naissance devinrent leur foyer, leur royaume.
Grâce aux actions des fées, ces sites autrefois sans grand intérêt furent transformés en lieux fantastiques, allant de forêts d’arbres aussi hauts que des montagnes, possédant des couleurs éblouissantes, à des lacs de mana souterrains contenant des minerais et des richesses inestimables.
Une légende se répandit alors rapidement, disant que quiconque se baignait dans ces lacs de mana pure, pourrait en tirer de nombreux bénéfices. Ces lieux merveilleux furent rapidement convoités par d'autres races, poussant les Fées natives à devenir leurs gardiennes.
Les générations passèrent et les fées se perfectionnèrent dans les arts magiques rendant leurs domaines plus imprenables que les grandes forteresses humaines et elfes. Cela était possible grâce à la volonté inébranlable de chacun des membres de leur race, se vouant à la protection et à la prospérité de leur fief et repoussant la corruption des forces obscures et l’avidité des races étrangères.
Durant des siècles, chaque foyer de fées était indépendant l’un de l’autre, et chacun se défendait seul contre les agresseurs, ce qui entraîna la chute de fiefs fées trop faibles pour lutter…
Lorsque les temps s’assombrirent et que les assauts de plus en plus violents des races obscures s'intensifièrent, les royaumes fées tentèrent de se défendre avec courage et bravoure mais, malgré leurs efforts, les lieux les plus isolés et les moins renforcés furent détruits ou conquis.
Ce fut l'avènement d’une nouvelle ère. Ces pertes entraînèrent une crise sans précédent pour les fées : l’anéantissement des lieux magiques rendait la naissance de nouveaux esprits d'autant plus difficile, entraînant progressivement le dépérissement global de leur race.
Ce fut dans cette période sombre que leur sauveur s'éveilla, une fée bien plus puissante que toutes celles ayant vécu auparavant, possédant une affinité magique si intense qu’elle rendit son fief imprenable, à tel point que l’on dit même que les dieux étaient mis en difficulté.
Cet esprit possède bien des noms désormais…
Appelée Mère ou Grande Fée par ses semblables, elle unit à elle seule chaque royaume autrefois isolé, redonnant la force d'antan à sa race. Certains fidèles étaient convaincus de voir en elle l’incarnation physique d’Anobba, la déesse de la nature, venue pour les sauver d’une extinction.
Elle réforma toutes les institutions féeriques en mettant la sagesse comme valeur centrale du peuple féerique. C'est également elle qui instaura le dogme de l'impureté des émotions et des sentiments, affirmant qu’en se libérant de ces dernières, les fées pourraient accéder à la véritable quintessence de l'âme et de l'esprit.
Depuis les exploits de la Grande Fée on dit qu’aucun autre territoire féérique ne fut perdu et désormais chaque régent des divers fiefs s'avère être l’un de ses enfants, garantissant pour les fées une prospérité qu’elles espèrent ne plus jamais voir mise en péril…
L'égide de la reine
Linh
Voici l'histoire de Linh, la garde de la première grande fée, voici mon histoire.
Nous faisions partie, avec ma grande sœur Hoa, des derniers survivants d'une tribu reculée ayant été assiégée par les races barbares. Nous étions surtout les victimes indirectes de l'isolement de nos territoires et de l'affaiblissement de notre peuple, de plus en plus morcelé. C'est ainsi que, lorsque les exploits de la Grande Fée et sa volonté d'union des fées nous sont parvenus, nous avons décidé d'intégrer son fief et de rejoindre ses fidèles.
I
Représentation d'Hoa ; la grande fée et Linh.
Cela fait maintenant quelques années que nous avons rejoint la Grande Fée dans sa quête d'union des différentes tribus fées. Ma grande sœur occupe depuis peu le poste d'Héraut de la reine, s'occupant de la représenter à l'extérieur. Mais elle passe la plupart de son temps à effectuer des tâches d'éclaireur, c'est elle qui va à la rencontre des différents peuples fées afin de voir leur état, elle doit ensuite faire son rapport pour savoir si leur intégration dans notre union peut permettre de les sauver ou si nous arrivons trop tard. De mon côté, je suis toujours garde du royaume fée depuis deux ans maintenant.
J'avoue être un peu jalouse de sa proximité avec notre Reine, avec qui elle s'entretient de façon hebdomadaire. C'est pour cela que j'ai décidé de m'inscrire au tournoi permettant de rejoindre le très sélectif bataillon des gardes de la reine. Seuls les dix premiers de ce tournoi regroupant plusieurs dizaines de milliers de participants peuvent espérer participer à l’entraînement afin de rejoindre cette escouade.
II
Symbolisation de la reine et de ses 15 gardes
J'ai réussi à me hisser sur le podium du tournoi. J'ai dû affronter des individus tous plus coriaces les uns que les autres, mais ma foi envers la Grande Fée m'a permis de me donner la force nécessaire pour les terrasser.
S'en est alors suivi un entraînement éreintant. Tout d'abord sur le plan physique où l'on nous a fait combattre des prisonniers d'autres races pour nous habituer à leurs styles de combat. Ces affrontements terminaient souvent dans le sang de nos ennemis, une sorte de mise à mort où ils devaient se battre pour survivre, malheureusement en vain, car nous étions bien supérieures à ces vermines.
Ensuite, sur le plan psychique, nos faiblesses ont été sondées et renforcées, et nous avons été testés sur notre adhésion au dogme de l'impureté des émotions et des sentiments qui a été instauré par la Reine. Ceux qui n'ont pas été assez fidèle à ce précepte ont été exclus de l'entraînement et certainement bannis du royaume des fées.
À la fin de ces mois d'entraînement, nous n'étions plus que cinq.
Lors de l’annonce d’un combat à mort fratricide en tant que dernière épreuve de sélection, les réactions de mes rivaux furent virulentes. Ils étaient choqués de cette décision de notre reine, leur naïveté les avaient peut-être poussés à croire que nous pourrions devenir tous les cinq, garde de la reine.
Deux personnes étaient hésitantes et se demandaient si ce match à mort était vraiment la bonne chose à faire. Les deux autres ont même voulu abandonner afin d'éviter de tuer leurs compagnons. Cependant, nul ne peut échapper au dessein de la Grande Fée, et si mes quatres confrères ne voulaient pas lui obéir, ils n'avaient rien à faire ici auprès de moi et encore moins auprès de ma reine.
C'est ainsi que, par mon habileté au combat et ma foi immuable, je fis promptement respecter la volonté de ma reine en exterminant sobrement ces quatres hérétiques hésitants. Suite à cet acte, et en tant que dernière survivante de ces épreuves, j'ai pu accéder au titre de garde royal aux côtés de la Grande Fée.
III
Un bout du palais de la reine
Depuis son départ, ma sœur a bien changé. À tel point qu'elle en est même venu à contredire les ordres et décisions de notre reine.
Laissant ses émotions corrompre sa foi envers la Grande Fée, elle fut évincé de ses disciples, sur ces mots de notre reine : “Si nous cédons à nos émotions et que nous nous montrons négligents, nous tomberons dans une destruction mutuelle”.
Dès son excommunication, les autres disciples, dont moi-même, prirent leurs distances vis-à-vis d'elle et de ses questionnements blasphématoires.
Cela fait déjà plusieurs mois depuis cet événement, et plus personne n'a de nouvelles de ma sœur, elle s'est comme volatilisée.
Mon quotidien est rythmé par la protection de notre reine lors de ses déplacements le jour, et les rondes dans le palais la nuit. Être au plus proche de ma reine me remplit de fierté et d'honneur, chaque jour je suis témoin de sa bonté et de sa puissance, j'en suis même devenue une de ses plus proches conseillères.
Au cours de ces derniers mois, il y a eu peu d'incident, la Grande Fée étant adorée par tous. Cependant, les entraînements et les mises en situation sont toujours très intenses et de plus en plus réguliers, comme si notre reine redoutait l'arrivée prochaine d'un sinistre dont nous aurions besoin de nous défendre.
IV
Antichambre des appartements de la reine
C'est durant une nuit de nouvelle lune que se passa ce funeste sinistre qu'elle pressentait…
Un groupe d'individus très bien préparés réussirent à s'infiltrer dans le palais en passant la barrière de protection magique et les différents soldats postés aux abords et dans les salles annexes de l'édifice. Ils réussirent si facilement à se débarrasser des soldats que nous pensions que ce commando était composé d'assassins fantômes. Cependant, ce groupe fut mis en difficulté lorsqu'il tomba né à né avec les gardes de la reine posté dans la succursale en avant de la chambre de la Grande Fée, que je surveille.
J'entendais mes camarades se défendre contre nos assaillants dans la salle en face de moi. Je ne voyais rien, mais je sentais que quelque chose était là, quelque chose d'hostile et de pourtant familier. C'est à cet instant que la porte s'ouvrit et que je compris que la personne ayant fomenté ce coup d'état à l'encontre de la reine était ma sœur. Elle avait changé, corrompue et aveuglé par ses émotions et son désir de vengeance. Je savais que la sacrifier était l'unique solution permettant de la libérer de cette tourmente.
Elle tenta de m'amadouer en rappelant le passé, se trouvant des justifications à ses exactions et sa volonté d'assassiner ma reine, mais cela n'ébranla aucunement ma foi, dorénavant ce n'était plus ma sœur, mais une hérétique.
Un combat s'engagea alors entre nous, mais je pris rapidement le dessus sur elle. Elle était bien plus maigre qu'avant son exil, tandis que je n'avais jamais été aussi entraîné. Je finis par lui arracher les ailes afin de l'empêcher d'échapper à son châtiment, la douleur et le sang jaillissant de son dos la firent se recroqueviller sur elle-même. En se tordant de douleur, ma sœur me demanda fébrilement pourquoi faisais-je cela.
En m’approchant de son visage, je lui rétorqua ce qu’elle m’avait elle-même dit lorsque, plus jeune, j’étais effrayée à l’aube de notre première mission. "Pour finir un travail, nous devons parfois bannir toutes nos émotions", lui répondis-je, la tirant par les cheveux dans l'espoir d'apercevoir la dernière lueur de ses yeux s'effacer. Je voyais qu’elle avait oublié les raisons, l’utilité, du dogme des émotions et c’est pour cela qu’elle s’est autant égarée.
Malheureusement, les autres gardes avaient besoin de moi pour terrasser les hérétiques restants, me forçant à lâcher la renégat pour me diriger vers ses acolytes.
C'est alors que, poussée dans ses derniers retranchements, ma sœur réussit à infliger, à moi ainsi qu’aux autres gardes, un puissant maléfice. Une intense migraine me fit tressaillir, m'obligeant à prendre appuie sur ma lame avant de m'écrouler au sol. J’avais l’impression que tous mes organes étaient déchirés par un flamberge incandescent. La douleur était telle que je pensais finir par m'évanouir. Ce n'est que grâce à ma détermination, que je réussis tant bien que mal à me relever en m'aidant de mon épée. Désorientée, souffrante et ralentie, s’en était trop, tout cela devait cesser. Malgré cette tribulation et l’impression que mes jambes étaient en train de s’affaisser sous le poids de mon être, je me rapprocha alors de ma sœur, que je voyais en train de murmurer sa malédiction.
Je souleva difficilement, à l’aide des dernières forces qui me restèrent, mon épée au-dessus du corps recroquevillé et tremblant de ma sœur, me voici comme tenant l’épée de Damoclès prête à me délivrer du poids des péchés de mon sang. Je revis dans ce corps en lambeaux la dernière vision de nos parents, lorsque nous étions jeunes et faibles et que nous ne pouvions pas leur venir en aide, qu’auraient-ils penser de ma sœur et de ce qu’elle est devenue. Elle me répugne.
Finalement, non sans une brève affliction, je finis par empaler sa poitrine, brisant au passage sa frêle cage thoracique, jusqu’à sentir ses os imploser sous la pression et le tranchant de ma lame.
C’était l’ultime sacrifice permettant d’assurer la prospérité de ma reine et la stabilité de l’Union des fées. Cet événement prouvera ma loyauté sans faille envers la Grande fée.
Ses murmures s’étaient tût, les effets de la malédiction s’estompèrent et je pus de nouveau respirer convenablement sans ressentir mes articulations se disloquer à chacune de mes inspirations. C’est alors que je me rendis compte que les coéquipiers de ma sœur avaient réussi à s’enfuir durant ce laps de temps où nous étions étourdis. Mais je saurais les retrouver afin de leur faire payer l’affront de vouloir s’attaquer à notre souveraine. Jamais je ne pardonnerais cette transgression. Comme jamais plus je ne considérerais cette apostate comme ma sœur.
V
Blason du 1er bataillon inquisitoire féerique
La tentative de coup d'État de la traîtresse mit le royaume en désordre et en alerte. Certains pleutres décidèrent de suivre la voie de cette dernière et s’éloignèrent de l’Union des Fées.
Je porte encore des stigmates de cet affrontement, de violents maux de têtes surviennent encore régulièrement… Il m’arrive d'apercevoir la traîtresse m’observer dans l’ombre, j’entends ses murmures et ses ricanements. Même après sa mort, elle me pourchasse, elle m’a infligé cette malédiction afin que je n’oublie jamais ce fratricide. J’ai honte d’avoir le même sang qu’elle, d’être liée de près ou de loin à ses exactions.
Dieux mercis, la grande fée parvient à me soulager grâce à sa magie bienfaitrice, en atténuant ces visions. Elle dit avoir plus que jamais besoin de moi. Récemment la Grande Fée, ayant vu ma détermination, me chargea d’une mission, celle de chasser les transfuges ayant embrassé les idéaux de la traîtresse, afin d’arrêter cette hérésie. C’est dans cette optique que je bâtis les fondations du premier bataillon inquisitoire féerique et formé ses soldats à la traque des hérétiques et plus particulièrement des Fées des ombres.
J’ai juré à la grande fée que je serai l’antidote à ce poison qui entache sa réputation et envenime notre race. Je serai l'héritière de la volonté de ma reine.