À la naissance des premières tribus, clans et hordes, un peuple sans attache, sans ressources et sans refuge, a su se démarquer des autres. Formé de survivants, parias ou d’autres jusque-là solitaires, cette communauté atypique n'avait pas de réelle organisation. N'ayant pour seul idéal que l’acceptation des âmes égarées, ils furent la cible d’autres peuplades plus belliqueuses voyant d’un mauvais œil une telle mixité au sein d’une horde grandissante.

Les pressions étaient telles que cette horde, riche de multiples cultures, fut contrainte de se terrer dans les grottes les plus profondes et inhospitalières de Wolv. Cet isolement à l’écart des tensions extérieures constantes leur permit, au prix d’une rude adaptation, de vivre paisiblement durant quelque temps.

Mais la clémence qu’apportait cet endroit ne dura que peu de temps.

En premier lieu car leurs éclaireurs, chargés de ramener la nourriture, disparaissaient un à un, capturés par les groupes les ayant déjà poussés sous terre, à l’affût à chaque sortie comme des rapaces guettant leurs proies. Mais surtout parce que ces tribus ennemies, remarquant l’absence d’éclaireurs depuis quelques jours, décidèrent d’enfin pénétrer dans la grotte.

Le chef de la horde comprit la situation et l’urgence d’une décision.

Devaient-ils faire face à l’ennemi au risque de mourir dans d’atroces souffrances, sachant qu’il ne restait plus que des femmes, des enfants, des vieillards et des blessés ?

Ou devaient-ils s’enfoncer plus profondément dans les cavités de la grotte, dans des endroits encore inexplorés et certainement dangereux, au risque de mourir de faim avant leurs ennemis ?

Paniqués par le retentissement des râles ennemis s’approchant d’eux, ils décidèrent de s’enfoncer dans la grotte, avec les personnes aptes à suivre la cadence, les inaptes devant se sacrifier pour leur permettre de gagner du temps.

Cependant, après ce qui leur semblait une éternité à avancer à l'aveugle dans ces dédales de roche, toujours suivis à la trace, certains finissèrent par s’effondrer de fatigue et de faim.

La marche des survivants était jalonnée de l’écho des cris de ceux qui avaient voulu se reposer un peu trop longtemps, s’étant fait rattraper par leurs poursuivants.

Le moral des survivants était au plus bas. Et lorsqu'ils atteignirent les tréfonds de la terre, ils n'eurent face à eux qu'une étendue infinie de roches en fusion,  de magma s'écoulant des niveaux supérieurs jusque dans l’immense océan de lave, telles des cascades. Cette découverte mit un point final au périple de ces pauvres âmes.

Ne restait, autour du chef, plus que les individus ayant été assez vigoureux et téméraires pour arriver jusque-là.

À bout de souffle et n'ayant aucun moyen de franchir cet obstacle, le chef s'abandonna aux prières près des rives de ces flots embrasés, suivi par les autres, tous espérant qu'une divinité clémente puisse leur accorder sa miséricorde.

Soudain, ils aperçurent une créature émerger du magma. Cette dernière, se mouvant à sa surface, s’approcha d’eux et qui d'une voix résonnant dans leur esprit s'exprima en ces termes :

“ Quiconque plongera dans ce lac en acceptant d’abandonner son corps aux flammes et d'embraser le flambeau de la colère renaîtra en un être puissant capable de transformer en cendre ceux qui s'opposent à lui ”

Les rescapés les plus téméraires décidèrent, précédés par leur chef, de se soumettre à ce rituel. S'approchant peu à peu du magma bouillonnant, la chaleur aussi ardente que les flammes de l'enfer vint lécher leurs peaux fragiles, desséchant leurs corps tandis que leurs vêtements s'embrasèrent. 

Ils entendirent derrière eux les ricanements de leurs poursuivants, voyant de loin cette piètre tentative pour mettre fin à leur souffrance.

C’est alors qu'après une dernière inspiration de cet air embrasé, les survivants de cette tribu atypique se jetèrent dans le lac. Sombrant lentement dans l'enfer, ressentant une souffrance atroce alors que leurs corps se faisaient consumer. Leurs âmes le furent également, les changeant à jamais.

Les assaillants étaient pétrifiés devant cet horrible spectacle, ne sachant comment réagir ils se concertèrent et s’interrogèrent. Mais les murmures laissèrent place au tressaillement lorsqu’ils aperçurent, sortir du magma, des entités semblant façonnés de flammes et de roches en fusion. Lorsqu’ils firent le lien avec ceux qu’ils poursuivaient alors, pensant voir ici le courroux des persécutés, certains furent sidérés tandis que d’autres tentèrent de fuir. Mais leur sort était déjà scellé.

Les êtres de flammes ayant naquit du magma transformèrent d’un seul mouvement l’ensemble des guerriers en cendre. Les autres membres de la horde n’ayant pas accepté le pacte furent également les victimes de leur colère. Ces morts furent les premières proies du désir de vengeance ayant poussé ce peuple pacifiste à accepter un tel marché. 

Le temps du repli et de l'isolement n'était plus, la peur et la désolation migrèrent de camp.

C'est depuis ce jour qu'une nouvelle race qui fut nommée Zorlim foula nos terres : des entités furieuses faites de flammes inextinguibles, que l’on dit tout droit venues des entrailles de la terre, et ayant sacrifié leur bonté à cause d'actes abjectes pratiqués par ceux qui les considéraient comme parias.

On raconte que les Zorlims ont perpétuellement l’impression de sentir leur peau se calciner, voulant pleurer de douleur en vain, emprisonnés dans ce corps de flamme et de magma.
Regrettent-ils leur pacte ? Et ceux qu’ils sont devenus ?